“Des sens au sens”

La construction du sens par la sensorialité

Le bébé, puis le tout-petit, perçoit le monde à partir de tous ses sens et c’est à travers eux qu’il apprend à le comprendre. Comme le réaffirme Sophie Marinopoulos en 2019 dans son rapport sur la Santé culturelle : “Les propositions d’éveil sont des expériences de mise en sens qui construisent précocement l’enfant”*. Offrir des lectures individuelles d’albums au tout-petit convoque en premier lieu sa vue et son ouïe, mais sollicite également tous les autres sens (toucher, olfaction, goût), seuls ou en combinaison, ainsi que la sensorialité dans sa globalité : l’équilibre, la proprioception, et la perception du temps. Toutes ces composantes du vécu corporel du tout-petit sous-tendent la construction de sa pensée lors de ce moment partagé avec un adulte attentif et disponible. Aussi, on mesure combien il est nécessaire de s’interroger sur la place laissée à l’enfant lors de ces expériences sensibles diverses et renouvelées, ainsi que la place de l’adulte, parent ou professionnel, de la quantité et de la qualité de sa présence.    

En 2025, à travers les quatre observatoires-séminaires, nous proposons de conclure le cycle démarré en 2023 sur l’éveil culturel, en nous attachant au processus de construction du sens, au chemin que parcourt le jeune enfant pour élaborer sa propre pensée à partir de ses nombreuses expériences corporelles et sensorielles. Ces journées d’étude seront l’occasion d’explorer finement les processus en jeu, la façon dont la sensorialité est au fondement du développement des compétences et des acquisitions déterminantes au cours de la petite enfance. Nous nous demanderons également comment ces points d’attention peuvent se traduire concrètement dans la réalité des structures, dans le quotidien des équipes, dans les propositions d’éveil culturel, et en particulier de lectures individuelles. Enfin, du point de vue de la création artistique, nous tenterons de comprendre comment les différents sens et la mémoire sensorielle interviennent dans le processus de création d’un album pour un auteur-illustrateur. Joue-t-il avec les cinq sens du “tout-petit lecteur” dans sa création en mots et en image ?  

[*] Sophie Marinopoulos, « Une stratégie nationale pour la Santé Culturelle », Rapport au Ministre de la Culture, Janvier 2019

Les intervenants

Nathalie Virnot est Psychologue clinicienne, docteur en Sciences de l’Education, psychanalyste. Après avoir travaillé pendant plus d’une vingtaine d’années à l’Unité René Diatkine (Association de Santé Mentale de Paris XIIIe) comme psycho-pédagogue et thérapeute, Nathalie Virnot est lectrice-formatrice pour l'association ACCES. C'est dans ce cadre qu'elle co-anime avec Sylvie Joufflineau l'Observatoire de Lire à Voix Haute en Normandie, depuis de nombreuses années. Actuellement, son activité se partage entre sa collaboration à ACCES et sa pratique libérale de psychanalyste. Elle a publié dans de nombreuses revues, dont Les Textes du Centre Alfred Binet, Langue Française, La Psychiatrie de l’Enfant, Les Cahiers d’ACCES, ACCES Actualités, AEIOU, Bébé Butine, Psychologie et Éducation...et participé à l’ouvrage collectif Pourquoi on m’a né dirigé par R. Diatkine, C. Avram. Paris, éd. Calmann-Lévy, 1995. 

Sylvie Joufflineau est fondatrice de l’association Lire à Voix Haute Normandie. Elle rencontre ACCES en 1989, se forme auprès d’eux, et devient relais régional ACCES en 1996. En 1998, elle partage le premier camion d’ACCES, « Livres en balade » qui sillonne les routes un mois sur deux, en Normandie et en Essonne…et fonde l’association Lire à Voix Haute Normandie, rassemblant des professionnels du livre et de la petite enfance avec lesquels elle a déjà travaillé depuis 10 ans, en tant que lectrice-vacataire. Dès 1993, elle met en place à Dieppe un « Groupe de réflexion récit et petite enfance » qui préfigurera l’ Observatoire normand LAVHN-ACCES en 2001. En 2003, l’association acquiert son propre camion. De 1998 à 2016 ; elle sera coordinatrice, lectrice, formatrice de l’association et mènera de nombreux projets de lectures individualisées aux enfants, en salles d’attente de Pmi, Foyer de l’enfance, centres de loisirs, lieux d’accueil parents- enfants, bibliothèques en milieu rural, terrains d’accueil des gens du voyage, associations humanitaires, écoles maternelles, collèges, classes de Segpa, de Cliss, et lycée professionnel… des lectures hors les murs, sur les plages, marchés, square, jardin, gouters-livres en foret…projets toujours construits avec des structures partenaires…Elle accompagne de nombreux professionnels lors de formations sur tout le territoire. Enfin, elle est membre fondateur de l’Agence Quand les livres relient.Elle est l’auteur de : Columbo d’histoires, dans « La littérature jeunesse a-t-elle bon gout ? », Agence quand les livres relient, 1001 BB n°72, ERES, 2005. En Haute-Normandie, un « observatoire » pour les professionnels du livre et de la petite enfance, entretien coordonné par Dominique Rateau, Spirale n°44, ERES, 2007. Madeleine, dans « Cent mots pour les bébés d’aujourd’hui », réunis par P Ben Soussan, 1001 BB n°100, ERES 2009. Entre les lignes, dans « Offrez de la culture aux bébés »,coordonné par l’Agence quand les livres relient, Revue Spirale n°52, ERES 2009. Lire à voix basse, dans « L’Agence quand les livres relient » n°124, ERES 2012. Elle est co-auteur des articles : Comment le bébé choisit-il ses livres, dans “Les touts-petits, le monde et les albums”, Agence quand les livres relient, 1001BB n°154, ERES, 2018 ; Les médiations en direction des bébés lecteurs, dans “Elargir le cercle des lecteurs : la médiation en littérature pour le jeunesse”, Cahiers du CRILJ n°9, 2017. 

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